Sherlock Holmes

Publié le par Cyprien Dignoire

Dernier né de Guy Ritchie, réalisateur –entre autres – du très critiqué Snatch et du trop méconnu Revolver, on peut dire que ce Sherlock Holmes était attendu au tournant, et à juste titre.

Tout d’abord parce que sieur Ritchie s’attaque à un mythe. Le personnage de Sherlock Holmes étant connu dans le monde entier comme l’incarnation du flegme et de la douce folie anglaise.
Ensuite pour son casting, un Robert Downey Junior en forme olympique depuis Iron Man, un Jude Law en second rôle de luxe, une Rachel Mac Adams trop rare et un Mark Strong en grand méchant magicien.
Et surtout, une grosse production de studio, avec un budget très confortable de 90 millions de dollars, une campagne de pub qui pourrait presque se vanter d’égaler celle d’Avatar.

Il aurait donc été assez malvenu pour notre cher ex-mari de Madonna de se planter.


Fort heureusement, ce n’est absolument pas le cas !

 

Pour commencer, et un des points les plus frappants de cette adaptation, c’est le soin apporté à l’univers de Sherlock Holmes. Guy Ritchie a très bien saisi l’ambiance du Londres Victorien, où les carrosses côtoient les bateaux à vapeur, symboles d’une ville hésitant encore entre l’obscurantisme et le progrès. Les plans larges sur la ville, multiples et magnifiques, nous plongent dans un univers à la limite du steam-punk, et donne une densité visuelle incroyable à l’univers du plus célèbre détective de Londres.

 

Viennent ensuite les acteurs, et le moins qu’on puisse dire c’est que le casting est une réussite. Robert Jr incarne un Sherlock Holmes parfaitement crédible, son jeu assez fin incarnant à merveille la retenue naturelle du personnage. Souvent drôle, et parfois même attendrissant dans sa relation avec Watson, monsieur Downey Junior nous prouve encore une fois qu’il a encore de la ressource en dehors de son armure d’homme de fer. Vient ensuite Watson, incarné par Jude Law, parfaite incarnation du flegme anglais, capable d’envoyer un bourre pif comme d’autres vous serreraient la main. Mais surtout, le petit plus qui fait que le spectateur se prend tout de suite au jeu, c’est la synergie entre les Holmes et Watson. Les dialogues entre ces 2 personnages sont de petites perles d’humour, une sorte de jeu de ping-pong constant regorgeant de répliques aussi cinglantes que savoureuses.
Les seconds rôles sont plus effacés, on regrette par exemple que le personnage d’Irene Adler, incarné par Rachel Mac Adams soit si peu développé une fois sa scène d’introduction passée. De même, Lord Blackwood parait un petit peu fade et trop cantonné à son rôle de grand méchant quelque peu interchangeable.

 

Venons en tout de même à l’essentiel dans un bon blockbuster, les scènes d’action. Et Guy Ritchie nous a clairement gâté. Très rythmé (sans atteindre la folie furieuse d’un Snatch au rythme quasi épileptique), bardé de scènes d’action et baston réjouissantes (bien que manquant parfois d’un peu de clarté), on prend tout de suite plaisir à voir nos deux compères distribuer des beignes à tous les hommes de main du grand méchant magicien, et dieu sait qu’ils sont nombreux ! C’est bien simple, on a l’impression qu’au moins les trois-quarts du film sont constitués de séquences de castagne en tout genre ! Mais ne vous y trompez pas, Guy Ritchie utilise habilement les outils à sa disposition pour fluidifier le tout et surtout éviter les répétitions. Sherlock Holmes ne se bat pas qu’avec ses bras, il se bat évidemment avec sa tête, ce qui est joliment mis en scène à quelques reprises.

Enfin, le scénario. Alors oui, le scénario est au final assez bateau. Grand méchant blabla, conquérir le monde, asservir, tuer blabla… On connait. Mais c’est sans compter le style très marqué de sieur Ritchie, adepte des scénarios à tiroir totalement tordus, et qui a ici trouvé son personnage. Le côté vain qu’on avait reproché à ses précédentes réalisations est ici aspiré par le personnage de Sherlock Holmes, dont la principale caractéristique, à savoir sa capacité de déduction hors du commun, permet de maintenir un rythme effréné à une intrigue pourtant assez fade. Le tic de scénariste consistant à surmultiplier les twists est donc incarné uniquement par les fantastiques analyses de Holmes, et confèrent à l’histoire une logique qui manquait parfois aux précédentes réalisations de Guy.

Pour conclure, et pour achever les derniers sceptiques, ce Sherlock Holmes est un excellent film d’action, qui sait se démarquer de la concurrence tant par sa réalisation, son esthétique que son humour typiquement anglais. Les personnes n’ayant pas aimé Snatch ou Arnaques, Crime et Botanique peuvent se rassurer, la sauce servie ici est bien différente, et Guy Ritchie a su garder le meilleur de ses compétences pour satisfaire le spectateur.

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Publié dans Sorties en Salle

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