District 9

Publié le par Cyprien Dignoire

Sorti en salles le 16 Septembre, District 9 semblait sorti de nulle part, un véritable petit ovni. Un réalisateur inconnu, un parti pris original puisque le film se déroule à Johannesburg (normallement, les extraterrestres vont aux Etats Unis, c'est bien connu) et surtout un Peter Jackson comme producteur.
Une affiche aguicheuse pour tout amateur de science fiction, une bande annonce assez déroutante (comment ça un film social avec des extraterrestres ?!) bref de quoi fortement intriguer l'amateur de SF que je suis.



Et dans la salle, la claque.

Petit résumé du synopsis avant d'aller plus avant. Les extraterrestres sont sur terre depuis 20 ans, leur vaisseau s'est arrêté au dessus de Johannesburg, sans qu'on sache vraiment pourquoi. Depuis ils vivent parqués dans un ghetto nommé district 9, juste à coté de la capitale sud africaine. Mais depuis leur arrivé la situation se dégrade, des manifestations anti-aliens, on passe aux émeutes, les affrontements entre la population et les "crevettes" (comme ils sont surnommés dans le film) se font de plus en plus violents.
Décision est prise de les expulser vers un autre endroit, en plein désert, dans un camps situé à 240km de la civilisation.
C'est Wikus Van De Merwe, un cadre de la Multi-National United qui est chargé d'organiser leur déplacement.

La première chose qu'on remarque dans District 9, c'est le choix du point de vue. Le film démarre en effet comme un documentaire, passe ensuite en reportage, puis enfin comme de la fiction classique. On ne se perd jamais dans les images, le jeu de miroirs et la réflexion sur les médias se faisant très naturellement, et ça n'est qu'en sortant de la salle qu'on se questionne réellement sur ce qu'on vient de voir. Le style peu conventionnel de Neil Blonkamp reste fluide, et se choix de points de vues passent tout seul, comme si ces changements brutaux étaient en fait évidents.
On nous plonge ainsi étape par étape au coeur de l'histoire, rendant les évènements auquel nous allons assister totalement crédibles

Une immersion dans certains des caractères les plus bas de l'être humain, au travers de ce personnage de Wikus, beaucoup plus bête que méchant, marié à une potiche dont le seul mérite est d'être le fils d'un des pontes de la M.N.U, qui contribuera à donner à Wikus le rôle de chef des opérations malgrès son évidente incompétence.
On suit ce anti-héros pendant près de 2 heures, tantôt pathétique, tantôt cruel ou lâche.
Wikus n'est pas Bruce Willis sauvant le monde. D'ailleurs on ne parle pas de sauver le monde des méchants aliens. On parle plutôt de sauver les aliens des méchants humains.
Déstabilisant au départ, son attitude finit par devenir compréhensible, et c'est là tout le message du film. L'homme n'est pas profondément bon, n'en déplaise à certains, et Wikus n'est qu'un homme. Un homme moyen, peut-être juste un peu plus lâche que les autres et qui confronté à une situation extrême va surtout chercher à sauver sa peau.

Mais District 9 n'est pas qu'une réflexion sur la bassesse de l'Homme, c'est également un film sur le racisme, une rélexion sur ses causes et ses implications dans notre société, et encore une fois, Mr Blonkamp s'en sort d'une main de maître. On retrouve un grand nombre de thématiques traitées toujours avec finesse, rien n'est là par hasard, et chaque séquence touche juste. L'exploitation des crevettes avec les trafiquants de boites pour chats, la différence marquée entre la première générations d'immigrés et leurs enfants dans la manière d'accepter ou rejeter la situation dans laquelle ils se trouvent, au travers de Christopher et de son fils.

D'une efficacité redoutable sur le fond comme sur la forme, notre réalisateur Sud Africain s'en sort également très bien quand il s'agit de mettre en scène les séquences plus musclées. Parce que District 9 n'est clairement pas qu'un film social larmoyant et bavard. C'est également un très bon film d'action, dont la fin renvoie directement Transformers au placard. L'action est sèche, brutale. Pas question ici d'assomer les gens ou de les envoyer au tapis. La mort y est fréquente et toujours violente, on ne rigole pas devant les corps qui explosent (sauf quand Mr Blonkamp l'a décidé, mais ces moments comiques sont rares).

Pour finir, je rajouterais que District 9 est beau. La lumière est magnifique, les effets spéciaux sont propres et flattent la rétine, et l'omniprésente silhouette du vaisseau alien donne à la moindre image une impression de grandeur presque étourdissante sur grand écran.

Pas de réel reproche à faire à District 9, si ce n'est peut-être un certain manichéisme au départ (grandement nuancé sur la fin), et un départ un tout petit peu fouillis.

District 9 est clairement un grand film, beau, profond, intelligent à tout les niveaux, et qui ravira tout les amateurs de bon cinéma, et ce quelque soit leur genre de prédilection.

Publié dans Sorties en Salle

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M
<br /> T'inquiète pas, je suis encore plus sévère que toi.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Je me doutais que tu serais fan :D!<br /> <br /> Ne t'en déplaise, moi j'ai été plutôt déçu par la forme. Le coup du documentaire qui finalement se transforme en film d'action c'est un peu déroutant, et on se dit "Ah, en fait non, on va avoir<br /> droit au même menu habituel", ce qui ne loupe pas (pas sur tous les points il est vrai, mais globalement...).<br /> <br /> Après l'idée est bonne, le film reste prenant, mais rien de bien méchant. J'espérais un film un poil plus finaud.<br /> <br /> <br />
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